Depuis quelques années, la question de la responsabilité écologique est de plus en plus mise en avant et nous pouvons observer une réelle prise de conscience de la part des différents acteurs de la société moderne. Toutefois, l’impact du numérique semble être mis de côté par les décideurs attestant que celui-ci est dématérialisé et n’a donc aucune conséquence environnementale. Or, la pollution numérique est une réalité et ses conséquences sont de plus en plus dévastateurs pour la planète. Si certains sont dans le déni total quant à la pollution informatique, des activistes écologiques luttent pour réduire la fabrication de terminaux numériques et sensibiliser les gens sur l’importance de mettre en place des solutions plus écoresponsables. Dans cet article, nous allons tenter de mieux comprendre l’impact du numérique sur l’environnement et nous vous livrerons des solutions concrètes pour optimiser l’utilisation des objets connectés au quotidien.
Qu’est-ce que la pollution numérique ?
La pollution numérique est une forme de pollution causée par la fabrication et la conception d’outils numériques. Ce type de pollution est responsable d’une consommation excessive d’éléments nocifs pour l’homme et pour l’environnement. Gaz à effet de serre, lithium bolivien, tantale congolais : voilà une partie des matériaux (de base) requis pour concevoir un simple ordinateur portable. Bien que l’impact environnemental du numérique ne soit pas encore visible en France, on parle aujourd’hui de pollution importée.
Le numérique dématérialisé a également sa part de responsabilité sur le quota de la pollution numérique. Pour vous donner un ordre d’idées, le visionnage d’une vidéo en streaming d’une durée d’une heure génère plus de 300 millions de tonnes de CO2/an. Considérés comme de la pollution invisible, les contenus visuels et auditifs que nous consommons contribuent grandement à l’augmentation de la pollution numérique.
Pollution numérique : des chiffres alarmants
Il faut savoir que le secteur numérique et IT représente plus de 7% de la consommation électrique mondiale. De plus, il est en passe de consommer plus de 20 % de l’électricité mondiale d’ici 2030 si aucun changement concret n’est opéré.
Pour décrire l’ampleur de la situation, voilà les constats du numérique sur l’environnement :
- Internet émet aujourd’hui autant de CO2 que tout le trafic aérien
- Nous stockons plus de données en deux jours qu’entre le début de l’humanité et 2003
- 16 % de l’électricité mondiale est consommée par le numérique
- Un salarié français consommerait l’équivalent de 5000 litres d’eau en numérique (par journée de travail)
- La consommation en énergie des data centers mondiaux dépasse celle de la France
- Une simple recherche sur Internet provoque l’émission d’environ sept grammes de CO2
- Les emails envoyés par une entreprise de 100 personnes représentent 13,6 tonnes de CO2 par an
La pollution numérique matérialisée et dématérialisée
Outre la consommation d’énergie excessive dans les outils dématérialisés, la conception de solutions numériques exige une quantité astronomique de matière première chère et nocive pour l’environnement. Une fois parvenus en fin de vie, les déchets restants des équipements électroniques sont de plus en plus difficiles à recycler. À cause de leur nature complexe, les déchets finissent dans des décharges informelles contaminant l’environnement et les populations qui y vivent. Par ailleurs, l’impact des réseaux sociaux n’est pas sans conséquence. En effet, l’utilisation d’une seule personne des plateformes sociales consommerait environ 165.6 g de CO2. Cela équivaut à un trajet en voiture de 1.4 km.
Les conséquences de la pollution numérique
Le constat est sans appel, le numérique a une empreinte carbone aussi élevée que l’industrie aviaire. Pendant que les donneurs d’ordre se voilent la face et vivent dans le déni, la pollution numérique est petit à petit en train d’engloutir notre environnement. Pour rester dans les chiffres, l’industrie numérique utilise plus de 70 métaux rares pour la fabrication d’un ordinateur. La pénurie de certains matériaux naturels peut avoir des conséquences désastreuses sur l’avenir de la planète. Cela est sans compter l’épuisement des ressources naturelles, l’augmentation des déchets électroniques qui ont un impact néfaste sur les espèces vivantes.
En somme, la pollution numérique et toute autre forme de pollution accentue les risques liés au réchauffement climatique. Il s’agit d’une boucle infinie de causes et de conséquences et si aucun changement n’est opéré, l’humanité court à sa perte. A l’ère du digital, il est difficile de se défaire des outils numériques. La solution optimale consiste à établir une démarche de sobriété numérique et à sensibiliser la société moderne.
Quels sont les changements envisageables ?
La transition écologique peut s’établir sur différents niveaux. D’abord au niveau gouvernemental et judiciaire. Ceci consiste à instaurer de nouvelles lois en vue de réduire la consommation des outils numériques au quotidien. Dans ce cadre, la sobriété numérique permet de limiter le recours au numérique afin de réduire son impact environnemental. De nombreuses associations travaillent d’arrachepied afin de remédier aux conséquences liées à la pollution. Les GAFAM sont d’ailleurs les premières à opérer des transformations concrètes et tentent de changer la donne. A titre d’exemple, Google, le plus grand moteur de recherche est un des premiers acheteurs mondiaux en énergie renouvelable. La célèbre entreprise américaine compte alterner vers l’énergie sans carbone 24h/24 d’ici 2030.
Quels changements sur le plan collectif
Si vous êtes une entreprise et que vous souhaitez participer à la transition vers un numérique moins polluant, il existe certains gestes que vous pouvez adopter pour réduire votre impact :
- Réduire l’utilisation des emails ou opter pour une utilisation éco responsable : les boites mails polluent bien plus qu’on le pense
- Réduire les gadgets numériques sans valeur ajoutée (gourde connectée, assistance vocale etc)
- Stocker de manière intelligente
Quels changements sur le plan personnel
À titre personnel, vous pouvez commencer à réduire l’impact de votre consommation numérique grâce à des petits gestes au quotidien :
- Achetez d’occasion ou reconditionné : ne cédez pas à la tentation des téléphones dernier cri et optez pour des smartphones ou des outils numériques d’occasion, ils sont tout aussi performants
- Limitez les objets connectés : vous n’avez pas d’un assistant vocal pour écouter votre musique préférée, son impact numérique est déjà suffisant
- Limitez votre consommation de contenu audiovisuel (les sites de streaming)
- Faire le tri dans votre boite mail
Internet des objets : une nouvelle ère numérique
Malgré la difficulté qu’éprouvent certaines entreprises à réduire leur empreinte carbone du numérique, les solutions IoT permettent d’optimiser la longévité des outils numériques et de permettre une mise à jour des supports informatiques. Bien que la réussite de ce processus ne pourra être observé que dans plusieurs années, l’IoT semble être une solution pertinente et efficace.
Qu’elle soit à l’échelle personnelle, collective ou gouvernementale, la pollution numérique est une réalité qu’on touche du doigt. En effet, la question environnementale inquiète de plus en plus et met en doute l’avenir de la planète. Dans ce cadre, de nombreux changements et gestes sont envisageables pour pallier plus de 100 ans d’industrialisation. Et si certains pessimistes estiment qu’il est trop tard pour trouver des solutions, la pandémie du covid-19 nous a prouvé le contraire. En réduisant notre consommation d’ énergie, en éliminant les matériaux non recyclables et en trouvant des alternatives plus eco-friendly, des améliorations concrètes pourront être observées dans les années à venir. Nous pouvons ainsi finir sur la citation du sociologue Edgar Morin : « la conscience est le fruit ultime de l’évolution ».